Abus de confiance

  Je veux dire la colère, je veux exprimer la souffrance, je ne veux pas répéter les mêmes choses, je veux comprendre, je veux accepter, je veux réussir à contrôler certaines choses, je veux réussir à lâcher prise, je veux aimer sans dévorer, je veux vivre sans ombre.

  Aujourd'hui la paix est revenue, mais je ne veux pas oublier ma colère récente, ni ses raisons.

  Si j'ai battu des records de vitesse mercredi dernier en rejoignant cet éxil salutaire, ce n'est pas uniquement parceque j'étais en retard, c'est surtout pour laisser sortir la rage, la tristesse, toutes ces émotions qui m'ont envahies en quelques jours à Montpellier.

Vous qui m'avez croisé ces derniers jours, ne vous sentez pas responsables, vous ne l'êtes pas ; ne vous reprochez pas de ne pas avoir vu, ce n'aurait pas été possible.

  Je veux exprimer la souffrance d'être impuissant à apaiser à celle des autres, bien qu'on en soit témoin.

Je veux exprimer le poids du groupe, qui choisit toujours le chemin le plus facile, et contre lequel j'ai toujours cru qu'il était impossible de lutter.

Je veux exprimer le sentiment que la vie est plus forte que nous et qu'elle souhaite nous le prouver, encore et encore.

Je veux exprimer la joie que je ressens car on me remet en question, la culpabilité de ne pas "faire plus".

Je veux exprimer le tourment d'une vie, de tant de vies, marquées, brisées parfois par l'abus, et l'horreur de l'éternel recommencement, de la confiance et de la trahison.

Je veux dire que moi aussi je fus victime d'un abus, même s'il ne fut pas physique, et de ce fait un peu moins grave peut-être. Que moi aussi je me suis laissé faire, entrainé dans un éternel recommencement jusqu'à ce que j'apprenne à me protéger.

Je veux lutter contre l'impuissance, par cette colère contre ceux qui ont abusé de nous, contre ceux qui continuent à abuser des autres.

Je veux expliquer qu'à travers toutes ces femmes qui ont traversé ma vie, je n'ai aimé que cette part de moi qui a été abusée, cette part d'enfant avec qui j'ai tant de mal à me réconcilier.

Je veux me rappeller que j'ai aimé aveuglement, par illusion, croyant sans doutes réparer là ce qui m'avait été fait, en prenant soin d'une personne qui avait, comme moi, été abusée.

Je veux expliquer que ce que j'ai subi a détruit des choses en moi, et que si aujourd'hui encore je pense à la mort, c'est la souffrance de ceux qui m'aiment qui me ramène vers la vie, à laquelle je n'ais pas vraiment repris goût, il semble.

Je veux accepter qu'aujourd'hui encore, la seule chose qui me pousse, c'est l'envie de guérir, et pour me guérir moi je dois guérir les autres.

Pourquoi ais-je tant de mal à me soigner? Est-ce parce que panser ses blessures c'est les rendre réelles? Alors que jusqu'à maintenant je pouvais ne pas les voir?

En quoi cela m'aide-t-il d'aider les autres?

Comments

[Chevalier gris]

...merci à ceux qui sont venus par la suite;
je ne crois pas te connaître, objectif-plume, du moins pas en personne, soit le/la bienvenu(e) ici. Quant aux questions, j'avoue, j'ai triché, j'en connais déjà les réponses (les miennes en tout cas), je ne les écrites ici que parcequ'il me fallait une ouverture pour achever cette réflexion. J'ai cette habitude de ne jamais laisser mes propres questions sans réponse, même si c'est pour en changer plus tard.
à bientôt.

[l'Ecrivain]

Alors, et ton concours? (au fait, tu as bien reçu le texte que je t'ai envoyé?)

[Pierre]

Rhaaa !
Faut que j'arrete de regarder la télé moi !
A lire ce mesage, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'un des clips de campagne de M. Sarkozy où il dit "je veux" à toutes ses phrases ^^

[objectif-plume]

difficile de répondre aux questions, mais une chose est certaine: ces questions sont essentielles et je trouve très bien que tu te les pose.... quant à la réponse, elle viendra d'elle-même... le questionnement est déjà le plus important

[Melle Ambre]

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