Le chêne, le roseau, et moi
Je sais que je n'ai pas donné de nouvelles depuis longtemps, en voici quelques unes, avec mes pensées du moment.
Je me souviens de cette scéance avec ma psy pendant laquelle nous évoquions un incident au cours duquel j'avais tenu tête à un dentiste pompeux (président de l'union française pour la santé bucco-dentaire, et fier de l'être) qui pourrissait la vie d'étudiant(e)s dentistes pendant un téléthon. Bien que je n'ai pas été remercié par ceux que j'avais soutenus (je pense que malgré leurs plaintes ils n'étaient pas prêts à entamer un conflit ouvert avec cet homme), j'avais accompli là quelque chose qui m'avait apporté de l'estime de moi, en relation avec mon rapport à l'autorité (à l'époque j'avais BEAUCOUP de mal avec mon père).
Ma psy, évoquant l'image du chêne et du roseau, me faisait remarquer que j'aurais sans doutes mieux vécu la chose en laissant couler, en laissant dire. De manière générale, j'étais assez d'accord avec elle, en effet je ne cherche jamais le conflit, et je ne m'y résoud que si mes limites menacent d'être franchies. Atteint du syndrôme du chevalier, je ne peux pas non plus m'empêcher de prèter main forte à ceux ou celles dont j'ai le sentiment qu'ils ne sont pas capables de gérer la menace qu'ils affrontent en ma présence.
Dans l'ensemble je suis pour que chacun s'autonomise et affronte ses propres conflits. Mais pas cette fois là. Et cela à causé un grand débat dans le petit cabinet douillet de ma psy, car je lui soutenait mordicus qu'il était parfois nécessaire de faire le chêne, de ne pas plier à chaque vent. Je continue à le penser.
Si je n'avais pas tenu tête à cet homme, si je n'avais pas eu l'occasion de me confronter à l'agression physique gratuite une nuit à Bordeaux (pas vraiment par choix, certes), je ne saurais pas aujourd'hui qui je suis. Avec toute la charge d'angoisse que cela induit. Pour pouvoir faire le roseau sans se sentir couvert de boue, en quelque sorte, il faut s'être prouvé que l'on pouvait aussi être chêne. Je ne l'ai pas fait souvent, mais les quelques fois où j'ai eu à le faire sont gravées en moi, et sont une grande source de force dans les moments de doute, elles sont une preuve de courage, de force, quand je me sens lâche et faible. Ne serait-ce que pour ça, je suis hereux de savoir être un chêne parfois.
Si ces pensées me sont venues ce matin sous la douche, c'est parce qu'aujoud'hui je me confronte à autre chose, une chose à laquelle je me prépare depuis de nombreuses années, grâce à mes observations, grâce à ceux et celles qui m'entourent, grâce aux discussions que j'ai eu avec certains et certaines.
Il s'agit de la vie de couple, telle que j'ai envie de la vivre, avec ce que cela comporte de communication, d'attention à l'autre et à soi, de compromis et de mises au point.
Dans le même temps, j'affronte la charge émotionnelle qui l'accompagne, ainsi que mes désirs et pulsions inconscientes (et croyez, c'est loin d'être le plus facile).
Quelque soit l'issue de ce que je vis en ce moment (et je l'espère très heureuse !!!), je suis heureux de découvrir une partie de moi qui se trouve à la hauteur de mes espérances, malgré le fait que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de l'ouvrir au monde jusqu'à maintenant.
Je dois pour cela remercier ceux qui m'ont servis de modèles, d'alliés dans cet apprentissage long et difficile, et leur donner à nouveau l'assurance de tout mon amour.
MERCI